Depuis que j’ai découvert Wuhan, j’avais toujours fait le voyage en solo, abandonnant ma femme à son travail à l’hôpital de Zhanjiang mais cette fois, nous avons décidé d’y aller ensemble ; pour lui faire découvrir cette ville qu’elle n’avait jamais visitée et rencontrer mes amis, les joueurs de toupies de YanJiang Park.
Comme je parle toujours très mal le chinois, je savais que ce voyage avec ma femme serait l’occasion de comprendre beaucoup de choses dont des informations essentielles qui m’avaient jusque là échappées. Je ne m’étais pas trompé; le surlendemain de notre arrivée, la pluie a interrompu notre entraînement du matin et nous nous sommes retrouvés à discuter à l’abri des arbres. J’ai ainsi appris qu’il y avait toujours un groupe de joueurs de fouets à Beijing Lu.
Pour ceux qui n’auraient pas lu toutes mes chroniques, Beijing Lu est un petit square, situé non loin de Da Zhe Lu que j’avais découvert lors de mon premier voyage à Wuhan ; j’y avais rencontré (sans le savoir) mon futur entraîneur. J’y avais vu aussi quelques joueurs de fouets qui se réunissaient tôt le matin, mais à l’époque, je cherchais plutôt à rencontrer des joueurs de toupies et je ne m’y étais pas trop attardé.
Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et, à présent, je m’intéresse autant à la pratique du fouet qu’à celle de la toupie ; Il n’en fallait pas plus pour que je propose à ma femme un détour par Beijing Lu après l’entrainement du matin, et c’est ainsi que nous avons redécouvert le square de Beijing Lu où je n’avais pas mis les pieds depuis plus d’un an.
L’endroit n’avait pas changé, hormis le fait que les joueurs avaient quitté l’entrée du square sur Zhong Shan Da Dao pour s’installer au calme au fond du square. Ils étaient une douzaine, répartis en trois petits groupes, assis sur des pliants, leur Thermos de thé et leurs fouets soigneusement posés sur un carré de tissu devant eux.
Cette fois, comme j’étais accompagné, j’ai laissé ma femme engager la conversation. Je ne sais pas ce qu’elle leur a raconté mais je me suis très vite retrouvé avec un fouet entre les mains à montrer ce que je savais faire. Pas grand-chose en vérité, comparé à ce que j’allais découvrir plus tard, mais suffisamment pour les convaincre que le « waigo jen » (étranger en chinois) que j’étais, n’était pas un simple touriste mais un amateur éclairé.
Moi qui justement, pensais venir en touriste et faire quelques photos pour le plaisir, j’ai du essayer les fouets des uns et des autres et recevoir quelques conseils avant de poser le fouet et d’assister à quelques démonstrations époustouflantes : une jeune femme d’abord, la trentaine en jupe à volants. Elle a pris son fouet de 2,5 mètres et l’a fait virevolter dans tous les sens, sans efforts apparents et avec une grâce que je n’avais jamais vue. Ensuite, un autre joueur, plus proche de la soixantaine, a fait une autre démonstration ; puis un autre encore.
Avec mes amis Pin et Lee de Beiqiao Park, je pensais avoir déjà une idée de ce qu’on pouvait faire avec un fouet, mais quand j’ai vu les joueurs de Beijing Lu à l’œuvre, j’ai réalisé que mes amis de Zhanjiang avaient encore du travail à faire avant d’atteindre ce niveau.
Ensuite, nous avons discuté matériels ; tous ces joueurs avaient de superbes fouets et pour en avoir essayé quelques uns, je savais que c’était de l’excellent matériel. Mais à 300 Yuans (45 €), ça commençait à faire un peu cher et l’achat méritait réflexion même si le « Maître » du groupe était prêt à me livrer un fouet dès le lendemain. Bref, je n’ai pas commandé de fouet mais nous sommes tout de même retournés à Beijing Lu le lendemain, pour faire d’autre photos. Pendant que j’essayais de capturer le mouvement d’un fouet avec mon smartphone (qui n’est pas vraiment l’outil idéal), ma femme discutait avec un petit groupe de joueurs.
Elle a d’abord appris qu’ils avaient créé une association et qu’ils organisaient un voyage à GuiYang pour participer à une compétition de fouet. Elle a ensuite appris que si elle souhaitait acheter un petit « fouet de dame », elle pouvait bénéficier du tarif de l’association, soit 100 Yuans. En fait de petit fouet de dame (c’est moi qui l’ai dénommé ainsi), il s’agissait d’un fouet de 2,5 mètres, identique à celui utilisé par la jeune femme pour faire son enchaînement ; donc un fouet parfait pour travailler des mouvements en finesse.
Bien entendu nous avons commandé le fouet ; quant au voyage à GuiYang, l’idée ne m’a pas fait bondir de joie. Au printemps 2016, j’avais déjà passé une semaine dans la capitale de la province de GuiZhou et l’endroit ne m’avait pas enthousiasmé. Toutefois, après réflexion, j’ai pensé que l’occasion d’assister à une compétition de fouet avec une équipe chinoise ne se représenterait pas de sitôt et qu’il fallait en profiter. J’ai donc donné mon accord de principe et depuis nous attendons des nouvelles du team de Beijing Lu pour organiser notre voyage depuis Zhanjiang. Car eux ont affrété un bus depuis Wuhan et il n’est pas question de faire vingt heures de train puis treize heures de bus pour rejoindre GuiYang alors qu’il existe un train qui part de Zhanjiang et nous aménera là-bas en 15 heures..
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